
CONFÉRENCE
NUIT DE L'AMRI
Le pôle culture de l’A.M.R.I a organisé le 28 janvier 2021 sa toute première conférence dans le cadre de la Nuit des Idées.
La Nuit des Idées, organisée chaque année par l’ensemble des Instituts Français dans le but de partager et d’échanger autour d’un thème. Pour cette édition, le thème choisi était : « Proches ».
La crise sanitaire a, en effet, considérablement bouleversé notre quotidien mais aussi plus largement la structure des relations internationales. La Chine et l’Asie, genèse de la crise sanitaire se retrouvent ainsi une nouvelle fois au coeur des relations diplomatiques et internationales. Ce prisme asiatique nous interroge dès lord sur notre rapport avec le continent asiatique et la puissance chinoise.
Dans quelles mesures les relations entre l’Occident et l’Asie, ainsi que les relations régionales asiatiques, ont-elles changé suite à la crise sanitaire ?
Trois invités, d’horizons différents, ont animé cette conférence :
- Samuel Berthet : Historien, directeur de l’Alliance Française de Hyderabad
- Claude Leblanc : Journaliste en Charge de l’Asie pour le journal L’Opinion
- Emmanuel Lincot : Professeur, chercheur et consultant spécialiste de l’Asie et de la Chine
Comment la crise sanitaire a-t-elle réinventé notre rapport à l’Asie ?
La crise sanitaire, un accélérateur de tendance sur le point de vue géopolitique
La crise sanitaire est, en effet, un accélérateur de tendance sur le point de vue géopolitique entre l’Orient et l’Occident d’après Emmanuel Lincot. Les relations sino-occidentales ne cessent de se dégrader alors que le gouvernement de Pékin continue de nier que le virus est né à Wuhan. Le repli de la Chine laisse place à Taïwan, qui a fait preuve d’une très bonne gestion de la crise sanitaire.
La crise sanitaire a également mis l’accent sur les défaillances des instances internationales, faisant trop souvent l’objet de pressions venant du gouvernement de Pékin. L’Organisation Mondiale de la Santé a retardé sa prise en charge de l’épidémie, devenue alors, une pandémie.
Ainsi la crise sanitaire est un accélérateur de tendance puisque, en dépit du contexte sanitaire, le gouvernement chinois n’a que très peu voilé ses véritables intentions et plus particulièrement envers les États-Unis. Taïwan est un point de cristallisation entre la Chine et les États-Unis, mais impliquent également l’Inde. En outre, la pandémie a entraîné la fermeture et le repli de la Chine avec le reste du monde, que ce soit pour des raisons sanitaires mais aussi diplomatiques.
Un accélérateur de tendances négatives ?
Selon Claude Leblanc, si la crise sanitaire est en effet un accélérateur, elle le serait dans des proportions négatives. Même s’il on pouvait d'abord penser que la crise aurait pour effet de rapprocher les communautés dans un objectif de coopération coopérer et de résolution durable, la crise sanitaire a au contraire encourager différents pays à se replier sur eux-mêmes.
Le repli est une des caractéristiques les plus prégnantes de la crise sanitaire. Les clichés et stéréotypes partagés sur l’Asie se sont amplifiés. La crise n’a contribué qu’à ancrer les clichés et caricatures de cette région, au lieu de créer une image positive du continent asiatique. Il faut retrouver un équilibre entre les différents pays, un sens commun à certains maux qui permettront de relancer un dialogue qui disparaît petit à petit, dommageable pour la stabilité internationale.
De plus, l’Asie n’est parfois pas analysée dans sa dimension propre mais davantage à travers sa dimension idéologique. Notre manière de percevoir l’Asie peut être négative si on la compare avec nos propres grilles d’analyse. Devons-nous accroître le dialogue afin de nouer un dialogue constructif ?
La gestion de la crise sanitaire en Inde, un paradoxe ?
La crise sanitaire a contribué à effectuer un rebasculement de l’économie mondiale de l’Atlantique vers l’Océan Indien. Il est vrai que l’Asie a mieux géré la crise que l’Occident, néanmoins avec toutes les nuances nécessaires.
D’une autre manière, cette crise a mis en évidence les faiblesses structurelles de certains pays à travers le monde et a éveillé le paradoxe de l’Inde. D’un point de vue international, il y a une accélération des mouvements des grandes multinationales vers l’Inde par rapport à la Chine, ce qui se traduit par un intérêt tourné vers l’Inde prenant forme à travers de nombreux investissements internationaux en Inde.
Aujourd’hui, la situation est originale. Malgré l’impression que la crise est derrière nous, celle ci va tout de même laisser des traces. En outre, il existe une bataille des chiffres et des systèmes de calculs concernant les indicateurs de la crise sanitaire. Ce conflit mathématique se révèle crucial au sein des relations asiatiques mais aussi à un niveau international.